Quand je dis que je suis fatiguée, je me heurte souvent à l’incompréhension de certains de mes proches. Je peux presque lire leurs pensées : « comment ça, tu es fatiguée ? Mais tu ne fais rien de tes journées. Alors que moi … »
Bon, d’abord, c’est pas tout à fait vrai que je ne fais rien. Mettre la lessive en route, mettre le linge à sécher, le repasser, faire les courses, les repas, donner à manger aux chiens, aux chats, sortir les poubelles.
Par contre, c’est vrai, je fais un blocage total sur le ménage. J’assure les urgences : nettoyer les toilettes, les lavabos, l’évier, un petit coup d’aspirateur par semaine. Le plus visible ! La partie cachée de l’iceberg, je ne la fais pas. C’est pas que je ne veux pas, c’est juste que je ne peux pas.
Comment expliquer cette fatigue qui me tient ? C’est une fatigue physique, mais pas que. C’est comme une chape de plomb qui vous tombe dessus sans crier gare. Tout va bien, puis tout d’un coup vous vient cette irrépressible envie de dormir, d’arrêter sur le champ ce que vous êtes en train de faire. On a l’impression que le cerveau vient de disjoncter, comme ça, d’un seul coup.
Alors, je n’ai plus qu’à m’asseoir, dormir 10 ou 20 minutes, puis c’est reparti. Mais ça arrive plusieurs fois dans la journée et ça coupe un peu l’élan. Et le soir, j’vous dis pas. C’est la télé qui me regarde !
D’où elle vient, cette fatigue ? De la maladie, c’est sûr. Mon corps se bat depuis trois ans et il est fatigué. Du traitement aussi. Je suis toujours sous chimio et les effets se font sentir. Et n’oublions pas la déshydratation due à la stomie.
Et puis, le cerveau joue aussi sans doute son rôle. Il a morflé aussi, mon cerveau. Il en a géré des crises. Et je pense que lui aussi a besoin de déconnecter de temps en temps.
Quoi qu’il en soit, cette fatigue est invalidante. Elle m’empêche de vivre ma vie correctement. Aux yeux des autres, elle ne se voit pas. Elle est d’autant plus difficile à accepter. Et c’est pas fini.
D’après la psychologue qui animait les ateliers à Essononco, la fatigue est le premier et le dernier symptôme de la maladie. Après guérison, elle peut perdurer 10 ans.
Et moi, je ne suis pas encore guérie ! Ben mon vieux, c’est pas cool !
Bon, allez, c’est pas tout mais j’ai un peu de ménage à faire, quand même !
A plus. Et surtout, portez-vous bien !